Les traitements phytosanitaires pour lutter contre les champignons pathogènes en viticulture bio consistent à pulvériser du Cuivre (contre le Mildiou) et du Soufre (contre l’Oïdium) sur le feuillage. Ces traitements ne sont pas curatifs, le vigneron réalise donc des applications préventives : même si les doses peuvent être modulées, ces traitements sont réalisés systématiquement.

Le Thé de Compost Oxygéné (TCO)

L’objectif du Thé de Compost Oxygéné est de récupérer dans une solution (le Thé) les micro-organismes qui ont été préalablement cultivés (lors de l’élaboration du Compost) puis de booster le développement de ces populations (en injectant de l’Oxygène) avant de les appliquer dans les vignes sur les feuilles et/ou sur le sol. Le TCO est une alternative biophile aux traitements biocides que nous expérimentons au Château Beauregard Mirouze avec l’association Chemin Cueillant « Agrocécologie paysanne » et que nous allons visualiser dans cette vidéo.

Les problèmes posés par le Cuivre et le Soufre

Le problème classiquement rapporté avec le Cuivre est qu’il s’agit d’un métal toxique qui n’est pas lessivé dans le sol. Tout le Cuivre qui est apporté dans le feuillage est condamné à être accumulé dans la parcelle où il aura été dispersé. Puisqu’il est stocké par le sol, il y a une inévitable contamination croissante de ce dernier, sans aucune perspective de pouvoir un jour le décontaminer. Une approche pas très durable !

Quel est le problème avec le Soufre ? Il n’y a pas de problème de contamination du sol avec le Soufre qui est un minéral assimilé et recombiné par les organismes vivants : il est biodégradé. Le problème classiquement rapporté concerne les quantités importantes de soufre qu’il faut utiliser pour traiter la vignes : plus d’une centaine de kg/ha/an suivant la sensibilité du cépage. Une approche pas très durable non plus !

Mais il y a fondamentalement un autre problème ! Cuivre et Soufre sont des substances biocides systématiquement appliquées sur le feuillage des vignes dès le début de la saison culturale (car les traitements sont préventifs). S’ils ont un effet biocide sur les deux pathogènes qui sont ciblés (Mildiou et Oïdium), ils ont aussi un effet biocide sur l’ensemble des micro-organismes de la phyllosphère (le volume aérien proche des feuilles) mais aussi de la rhizosphère (le volume souterrain proche des racines). Or ce que la microbiologie nous apprend, c’est que phyllosphère et rhizosphère  sont peuplées par une quantité extraordinaire de micro-organismes.

La cohorte des micro-organismes

Pour ce qui est de la partie aérienne, lors de l’analyse de l’ADN d’une feuille, on trouve plus d’ADN exogène à cette feuille, que d’ADN provenant des cellules de la feuille elle même. Autrement dit, il y a plus d’individus micro-organismes sur la feuille que de cellules végétales qui composent la feuille elle-même.

Pour ce qui est de la partie souterraine, le sol est un fantastique réservoir de micro-organismes (champignons et  bactéries), en termes de diversité et de densité. Un seul gramme de sol forestier tempéré contient :

  • 1 000 à 100 000 espèces de bactéries
  • 1 000 à 100 000 espèces de champignons
  • 1 000 espèces de protozoaires

On parle bien ici d’espèces de bactéries, de champignons et de protozoaires. Au total ce sont donc des millions de micro-organismes qui peuplent 1 seul gramme de sol forestier dont la biomasse moyenne est évalué à 6.4 T/ha (toutes les sources Marc-André Sélosse : Les mycorhizes et les microbes, alliés du sol).

Les applications biocides en viticulture créent un déséquilibre important dans l’environnement immédiat du cep de vigne. La cohorte des microorganismes de la phyllosphère  et de la rhizosphère est une composante essentielle du système de défense de la plante contre les pathogènes. En viticulture, nous faisons certainement fausse route avec nos traitements biocides : les viticulteurs disposent dans l’environnement immédiat de leurs ceps de vigne d’une légion invisible de combattants !

Qui a participé à cette vidéo ?

Nicolas Mirouze, vigneron au Château Beauregard Mirouze et Baptiste Algayer, animateur technique de l’association Chemin Cueillant. Intervient également Jérémy Rizoud qui est le Fondateur du laboratoire d’analyses microbiologiques des sols Lab’O fertileS, spécialisé dans la régénération des sols via l’élaboration et l’application d’amendements biologiquement complets, solides ou liquides, comme les TCO. Il est en cours d’accréditation pour être consultant Soil FoodWEB le laboratoire de recherche du Docteur Elaine Ingham qui est une pionnière dans le domaine de la biologie des sols au cours des quatre dernières décennies. L’approche Soil Foodweb a été utilisée sur plus de 2 millions d’hectares à travers le monde pour réduire considérablement les frais d’intrants, pour augmenter les productions et séquestrer le carbone dans le sol à une vitesse pouvant arrêter le réchauffement climatique.