La répression des mobilisations récentes contre les méga-bassines et les réactions médiatiques outrées par l’action collective contre l’accaparement de l’eau par le complexe agro-industriel témoignent une nouvelle fois de la difficulté à faire émerger un réel débat public sur notre alimentation et sur la façon de la produire. Nul n’ignore pourtant la diversité des ravages humains, sociaux et écologiques de l’agro-industrie, même si de puissants intérêts s’emploient régulièrement à en minimiser l’étendue. Mais parmi les ingrédients du verrouillage du modèle agricole industriel, la question des technologies agricoles est systématiquement oubliée. Du salon « de l’Agriculture » à celui du machinisme agricole (SIMA) en passant par les innombrables foires et salons professionnels, on célèbre ainsi le gigantisme machinique, la numérisation et la robotisation de l’agriculture sans s’interroger sur l’impact de l’agro-équipement : endettement, surcapitalisation des fermes au détriment du travail humain, standardisation des pratiques au détriment des savoir-faire paysans, industrialisation des process, dépendance technologique...
Ce rapport d’Observations sur les technologies agricoles permet à l’inverse de décrypter la dynamique historique empruntée par l’agriculture française depuis près d’un siècle : outre l’hémorragie du nombre de paysans et paysannes, le grand récit de la « modernisation » agricole masque une envolée des coûts liés aux machines et aux bâtiments qui, à l’échelle nationale, contredit l’argumentaire éculé des économies d’échelle. La trajectoire machinique de l’agriculture française ressemble ainsi fort à un cul-de-sac économique, en plus d’être une aberration énergétique et écologique.
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